Les bleus à l'âme..

Publié le par Pow' Mélée

Les bleus à l'âme..

Tout est tellement mélangé dans ma tête... je suis au bout de moi... Besoin de grandes ailes imaginaires pour me protéger, d'un duvet pour me réchauffer, de douceur pour accueillir ma tristesse et laisser les larmes inonder mes joues...

Trop effrayée pour mener un combat de plus... de peur de ne pas y survivre peut-être... et une partie de moi a envie de se dire que je tiendrais, coûte que coûte, comme je l'ai toujours fait, même à bout de forces. Et puis je ne suis pas trop maigre non-plus... je suis juste épuisée... complètement épuisée... mais..

Parfois je ne sais plus trop à quoi m'accrocher... je me demande pourquoi je me donne tant de mal depuis des années... j'aime les autres... profondément, sincèrement... j'ai foi dans les autres... Alors oui, on me dit que je vis au pays des bisounours et que je suis franchement à côté de la plaque... mais je n'en suis pas si sûre... sinon je ne serais pas là. Seulement je suis un peu fragile... alors que ces autres que je mets tant d'abnégation à aider, à écouter, à comprendre... ils lâchent des bombes qui m'éclatent au visage. Et je ne leur en veux même pas... Je ne sais pas ce que c'est que d'en vouloir à quelqu'un... je ne sais pas faire...

Je suis là, le visage en sang, pleine de pleurs et de terreurs, et j'essaie de comprendre... en dépit du bon sens qui dirait à quiconque de fuir. j'ai mal d'être trop fatiguée. J'ai mal du jugement des autres aussi. Un jugement sans appel... bien sûr c'est ma faute, parce que je cache mes difficultés, pour avoir l'air "comme tout le monde"... un vrai petit caméléon la petite pow'... capable de comprendre et de correspondre à ce qui est attendu... le plus souvent en tous les cas.

J'ai des larmes dans le cœur, dans la tête, au bord de mes lèvres... des larmes qui ne sortent pas... comme empêchée de parler... cela me frappe, parfois, de voir combien j'ai intégré les mécanismes des tortures... des humiliations de ma mère... Vouloir appeler à l'aide sans pouvoir... parce que les larmes restent coincées à l'intérieur, parce que les mots qui sortent de mes lèvres sont toujours "socialement entendables" et que je ne sais pas appeler au secours... Lorsque mon corps aura lâché, alors, je pourrai parler un peu... comme si j'y étais autorisée parce que "là" je serais vraiment fragile... parce que je saurais que je suis entendue... ou simplement parce que mon corps sait mieux parler que moi.

J'aime aussi prendre une douche bien chaude... ça détend les muscles, et puis comme ça, on essaye de réchauffer son cœur, qui est parfois un peu trop lourd... c'est bien connu, l'air chaud est plus léger, alors pour le cœur ça doit être pareil... Je suis toute engourdie, des pieds à la tête... j'ai crue m'évanouir plusieurs fois aujourd'hui... je n'en sais rien, je suis fatiguée... trop fatiguée... Je suce toujours mon pouce, en frottant mon doudou doucement sur mon nez, et en serrant fort contre moi mon cousin... Sûrement est ce encore la part de moi qui ne veux pas grandir... qui aimerais rester une petite fille, sûrement dans l'attente "d'avoir une maman"... Savoir où sont les blessures, et faire en sorte de bien les cacher... de les rendre "socialement acceptables", de dire ce que les autres ont envie d'entendre, de minimiser notre douleur, parce qu'on se dit qu'il y a tellement plus malheureux que nous... des personnes qui ont des douleurs plus "légitimes"...

Ne pas pouvoir parler, avoir les mots coincés dans la gorge, dire que "ça vas", alors qu'on a juste envie d'hurler tellement on crève de douleur !... Ne pas vouloir parler, parce que c'est trop douloureux, ça risquerais de rendre cela trop réel, et ce ne serais pas supportable... J'ai toujours cette sensation de gorge serrée, d'étouffement, d'enclume sur la poitrine... Les mots sont coincés, je n'arrive pas à extérioriser cette douleur... Envie d'hurler, d'appeler au secours, mais tellement mal qu'on n'a plus la force de rien, comme si bouger le petit doigt équivalait à gravir l'Everest... Et appeler... pour dire quoi ?...

Les mots ne sortent pas... ils sont bloqués, coincés... trop peur de devoir "aller mieux", et trop peur d'accepter « d'être malade », parce qu'on n'a pas le droit d'être malade... Pas nous, qui sommes aux services des autres... L'étudiante infirmière, qui passe son temps à panser les blessures et qui fait tout le contraire pour elle... Cela m'aura valu un coma hypoglycémique... et passer à deux doigts de la mort... et Dieu sait que je ne veux pas mourir, ho non, la vie est trop précieuse... Mon corps parle à ma place, les hypoglycémies donnaient un côté légitime à ma souffrance, j'avais un "vrai problème"... et je pouvais "prétendre à des soins"....

Et je suis tellement fatiguée... Je n'ai pas du tout commencer à réviser, mon cerveau n'enregistre pas, burn out de travail...et cela me fait tellement peur... tellement peur de louper mes partiels, de louper mon année... D'un côté j'aimerais pouvoir m'arrêter, parce que je suis épuisée, et que les partiels sont dans 1 semaine et que j'ai 5 mois de cours à apprendre... je ne vais jamais réussir, trop peur de décevoir... trop de pression... Le combat que je mène tous les jours est épuisant, je puise au plus profond de moi pour combattre mes démons, et cela me fatigue beaucoup...

Mais je n'ai pas le droit d'abandonner maintenant, je dois continuer de me battre, je dois réussir mon année... Je suis fatiguée.... je n'ai pas arrêté de la matinée, mais je n'ai toujours pas mis le nez dans mes cours... Je m'en veux... Mais je n'y arrive pas... Je suis trop fatiguée.. Ma tête est lourde, une barre de douleur me traverse au milieu du front.. ma nuque est raide.. ma gorge est serrée, et cette boule est de plus en plus grosse, je crois que c'est l'angoisse.. Une boule énorme, qui m'étouffe et me fait mal... Et puis mon estomac aussi, ses spasmes....

J'ai la tête qui tourne et les mains qui tremblent... mes muscles se contractent tout seul... j'ai l'impression que mon muscle à droite de ma colonne n'est plus qu'une boule géante... complètement nouée, contracté au possible, les fibres musculaires se sont transformés en boudin par force de contraction.... Besoin de lire tous les messages de ma petite fée pour trouver un peu de magie, je suis si fatiguée... mon corps tremble et ma tête tourne, je suis à bout de force, les ailes un peu grillées... Le masque que j'ai pris tant soin de construire est entrain de tomber, et mon corps réagit il a été trop blessé... Je suis secouée par ces choses enfouies profondément au fond de moi qui essaye de sortir mais qui n'y arrive pas...

J'ai due affronter des tempêtes et des cyclones, des tsunamis.. Il ne fait pas bon être une fée aujourd'hui... Je suis épuisée, petite fée de porcelaine, je voudrais réparer ces endroits où je suis ébréchée, redonner du rose à mes pommettes et de la lumière à mes yeux, reposer mon corps, être bienveillante avec moi comme je le suis avec les autres, avoir le droit de souffler, d'être à bout et surtout le droit de me reposer... Parce que pour soigner les blessures il faut que quelqu'un les entendent. Les bleus à l'âme n'ont de traitement que leur expression, même si il paraît tellement plus simple de faire autrement.. Un médecin ne peut soigner une jambe cassée que si on l'a lui montre, que si il a les radios, et malheureusement les bleus à l'âme ne passent pas à la radio....

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