Le vampire...

Publié le par Pow' Mélée

Le vampire...

Difficile d’accepter qu'on est « malade »... A travers cette perte de poids, c'est comme si les kilos perdu étaient les kilos du sac que je porte sur les épaules. Un sac qui aujourd'hui est trop lourd pour moi. Vomir, c'était vomir la douleur que j'ai en moi, vomir les mots qui frappe dans ma tête, vomir ce poids que je n'arrive plus a porter.

L'anorexie-boulimie s'empare de moi, tel un vampire de sa proie. Elle me glisse ses mots froids et dur à l'oreille, parfois ils me réconfortent, parfois ils me détruisent.... Tel un dictât de la minceur, elle m’ordonne de maigrir à tout prix. Jamais trop mince, toujours trop grosse! Je me vois difforme, mes cuisses, mes hanches, mon ventre me paraît d'une énormité disproportionné. Je ne me vois plus tel que je suis, mais tel qu'elle me fait croire que je suis, autant dire : un monstre de graisse!

Et cette graisse il faut l'éliminer, l'éradiquer à tout prix, au prix de ma vie, au prix de ma santé... Maigrir... Ce mot résonne en moi. Plus qu'un mot : une ligne de conduite. Je dois, il faut, que je maigrisse à tout prix, je ne suis qu'une grosse vache difforme remplie de graisse et de cellulite. Alors j'entame un long et difficile régime, ne mangeant ½ tomate et une carotte par jours, allant monter à cheval au moins 3 fois par semaines, et deux fois par semaine faire une heure de natation avec des palmes (pour brûler plus de calories), tout en rajoutant des séries d'abdo-fessier au moins 30 minutes par jours.

Le premier mois je réussi à perdre 12,5kg entre mi-aout et mi-septembre. C'est fin septembre début octobre que les premières véritable crisent de boulimie s’installèrent, mon corps étant plus qu'affamé par ce jeun strict et tout ce sport, sans compter la dépense intellectuelle qu'occasionnait les cours à l'école d'infirmière, ainsi que les 45 minutes de trajet qui me séparerais de l'appartement de l'institut, mon corps m'envoyait alors des envies irrépressible de manger, tout et n'importe quoi, je me faisait alors ½ kilos de pâte, 1 paquet de céréales fourré au chocolat, du chocolat en barre, des gâteaux apéros, et tout ce qui pouvais me passer sous la main...

Au début je ne vomis pas, mais rapidement, voyant le chiffre de la balance augmenter, (je pouvais alors ingurgiter plus de 3 kilos de nourriture en une seule crise) cette solution m'est alors apparue comme évidente, étant LA solution pour manger sans culpabiliser. Les vomissements se sont alors installés, je vomissais progressivement tout ce qui pouvais entrer dans mon estomac, ne supportant plus rien dedans, véritablement angoissée à l'idée de grossir, plutôt de ne pas maigrir.

Je suis tendue. Je n'ai pas pris de plaisir à manger, ça ne s'est pas mal passé non plus, mais je culpabilise. Je suis anxieuse, Je me trouve à la fois grosse et "mince". Envie de maigrir encore, mais d'un côte je sais que je suis à mon "poids de forme". Peur de perdre et à la fois terriblement envie. Envie de criser, me remplir pour me vider. Evacuer cette charge émotionnelle qui est pressante. Je me sens à la fois mieux, et mal. Tout est très paradoxal, ambivalent, tout ce contredis. Sans cesse ballotée entre "deux moi". Solide et à la fois fragile. Détendue et à la fois anxieuse. Tout se mélange dans ma tête, tout se contredis, je suis malmenée par mon corps et mes pensées. Je suis perdue à l'intérieure de moi. Je ne sais plus vers où aller. Je n'arrive pas à me regarder en face dans le miroir. Je ne me sens pas à l'aise. Aujourd'hui je ne sais pas comment m'habiller. Je n'arrive pas à faire coller mon corps à mon âme...

J'ai l'impression d'être un esprit dans une enveloppe, une enveloppe mal taillé, à la fois trop grande et trop petite, trop chaude et trop froide... Je suis perdue entre deux moi, j'ai terriblement peur. La maladie reprend le dessus, après un début de semaine très difficile, où j'ai lutter pour vivre, oubliant un peu la maladie. La rangeant bien dans un placard, elle s'était caché pour mieux revenir à la charge. Elle s'est faite "oublier" pendant que mon esprit luttais pour "gerer l'urgence vital", maintenant que je vais mieux, elle reviens de plus belle. Je n'en peux plus de cette saloperie. A la fois ma pire énnemie et ma meilleure amie. Le cul entre deux chaises, je ne sais pas qu'elle partie vas l'emporter...

Ce soir je suis fatiguée de vivre.. Fatiguée de ma battre, je suis las... J'aimerais arriver à me poser, à la place de ça je brasse de l'air, je me sens impuissante, étrangère à moi même... Envie de criser... Cet envie ne me lâche pas... envie de combler ce manque et de vomir ce trop pleins... Je me sens nulle, j'ai tout ce qu'il faut pour aller bien mais je n'y arrive pas... C'est au-dessus de mes forces... Fatiguée de lutter pour vivre. Pourquoi ? Pourquoi c'est si difficile ?... Envie de pleurer, d'huler, mais rien de sort... Trop de pression... Fée de porcelaine : « ben oui à Limoges c'est évident, et puis c'est beau, lisse, solide et fragile à la fois », Fée de porcelaine ébréchée que je suis est fatiguée, lassé d'affronter des démons d’antant, d'affronter son pire ennemi : soi.

Petite fée aux ailes froissées je n'arrive pas à les répasser, le fer me brule, je suis marquée au fer rouge, rongée par des mittes mes ailes sont en miette... Pleines de tout, je suis suspendue au dessus du vide, je marche sur un fil et dans la tempête mes ailes font des appels d'air... Je tangue, je perds l'équilibre, besoin de me raccrocher à un fil. Je n'en peux plus je suis épuisée de tout ces combats, trop de choses, je crois que je vais finir par exploser, trop de choses se bouscule dans ma tête, dans mon cœur, dans mon corps.. Trop de souvenirs trop de peine, trop de douleurs, et de rancoeur, mon cœur est plein, tellement fissuré et je ne sais pas comment le reparer. C'est fou tout s'accumule toujours, oui toujours, jamais de repos possible, à peine assise il faut déjà se relever, mais je suis de plus en plus épuisée.

Je le suis aujourd'hui, épuisée physiquement et moralement, pas grave, ça passera, ça passe toujours, je me relève toujours... mais c'est chaque fois plus dur. J'ai tellement mal au cœur, il est lourd, tout me pèse, trop de poids que je ne supporte plus rien dans mon estomac, envie de vomir, besoin d'extérioser, perdue dans un champs de non dit. Je me bas tous les jours, j'essais de nouvelles armes en espérant qu'elles m'aident à affronter ces douleurs. J'ai du mal à parler, je n'arrive plus à écrire, depuis deux jours je pleure, quelques petites larmes timide, pourtant j'ai l'impression de me noyer, mon cœur se noie. Je me sens si triste. Il n'y a pas de mots, aucun pour exprimer ma douleur. Je sais juste qu'un vide trop plein me bouffe, m'épuise, je suis si vide et tellement pleine à la fois, l'impression que la moindre goutte vas me faire déborder. J'ai besoin d'aide, je suis forte mais si fragile, je tangue, je m'écroule,

Tomber à force de m'être « trop battue »... Aujourd'hui j'ai mal. Je me suis tombée. épuisée, à bout de forces... Et comme au ralenti je vois s'éparpiller les parcelles sur le sol; je sens la douleur innommable qui me déchire à l'infini. Je sens mon cœur se briser, éclater dans ma poitrine... et je n'ai plus ni la force, ni le courage de ramasser une fois de plus, de recoller.. Comme une fleur qui fane et meurt je voudrais baisser la garde, baisser les bras de m'être tant battue pour essayer de vivre, me laisser mourir et envelopper par la terre douce et chaude pour ne plus avoir mal. Funambule depuis si longtemps déjà, sur une corde qui tangue, sans balancier et sans filet... "Avance, fais un effort, de toute façon tu y arrives toujours"... et si je n'y parvenais pas cette fois? Si c'était la chute de trop? Si cette fois, suspendue au-dessus du vide, ne tenant que par une main à la vie, si cette fois je lâchais tout pour me laisser tomber et m'écraser.

Un peu comme un plancher vermoulu je suis incapable de résister à quoi que ce soit, je cède sous la moindre charge. Dans le fond je sais bien que je suis toujours cette petite fille apeurée... je cherche ces bras doux et cotonneux dans lesquels pleurer et me lover... j'ai besoin d'une figure maternelle qui puisse me rassurer et me dire que tout ira bien... C'est idiot je sais bien... c'est idiot d'avoir besoin de ça alors que je suis adulte. Je fais des efforts; toujours... je fais du mieux que je peux pour satisfaire les exigences, pour satisfaire les autres, pour faire ce qu'il faut... Mais force est de constater que je n'ai plus la force de me battre encore parce que mon corps et mon esprit sont trop fatigués. parce que c'est trop parce que je ne peux plus, parce que je suis fatiguée de vivre et de souffrir... Parce qu'il ne faut jamais rien dire, parce que "tout le monde est fatigué"... seulement je n'ai plus de force, plus rien... Oui j'ai envie de pleurer encore et encore, d'être écoutée... j'aimerais que quelqu'un se rende compte des tempêtes qu'on me demande d'affronter, toute petite fille grelottant dans la neige... et tout mon amour ne suffit pas à vaincre ce blizzard.

J'aimerais lâcher prise et me sentir en sécurité...seulement j'ai peur... Peur de rater mon année après tant d'efforts, peur de ne pas avoir les capacités financières d'assumer tout ça, peur de grossir... Aujourd'hui il y a en moi une grande détresse, que j'aimerais tellement apaiser. Mais aussi une force de vie incroyable, d'une petite fille qui n'a « jamais » eu quelqu'un sur qui poser sa tête et se faire caresser les cheveux... Qui a du affronter seule de terribles tempêtes, se battre envers et contre tout, et contre son pire ennemi : soi.

Et tout cela sans que personne n'est vraiment conscience du combat qui est le mien. Perdre les êtres qui sont chère à mon cœur est une épreuve, une épreuve qui provoque une douleur sans nom, comme si l'on arrachait une partie de moi. Je ne dirais pas que tout vas s'arranger avec le temps, que je n'aurais plus mal... La douleur est différente, elle s'estompe mais ne s’éteint jamais.

La vie n'est qu'un combat, dans lequel on prend des claques, on se relève, et lorsqu'on commence à reprendre pied on reçoit une nouvelle claque encore plus violente que la précédente. Mais parfois, on arrive à faire quelques pas, et on découvre alors une prairie enchantée, pleins de jolies papillons, et un arc en ciel. Et puis une nouvelle claque, se relever est encore plus dur, mais il le faut, car cette prairie est toujours au bout du chemin, et elle vaut vraiment le coup. Parfois j'ai le sentiment de ne pas parler le même langage que ceux qui m'entourent. Nous partageons sans doute pas cette sensibilité à fleur de peau... et cette envie d'aider, d'être là pour les autres... j'aurais tant besoin de poser ma tête sur des genoux bienveillants... pouvoir me reposer un peu sur quelqu'un... avoir le droit de craquer, le droit de parler, le droit d'exister un peu... le droit d'avoir mal et de le dire, le droit de pleurer... Besoin d'un peu de douceur, d'un peu d'affection... d'un peu de repos.

Publié dans anorexie, boulimie, tca, ana, mia, le vampire

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